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En 1883, le 1er avril, sont mises en service dans le Réseau Téléphonique Public de la ville de Reims (exploité par l’État) les premières Cabines Téléphonique de France, à titre purement expérimental. (D'après les articles parus dans la presse d'époque, elles sont au nombre de 10).
Mais déjà, à cette même période, l'idée d'installer des Cabines Téléphoniques dans Paris, dans plusieurs villes de province et dans les gares de chemins de fer de l’État germe dans l'esprit de M. le Ministre des P & T - Adolphe Cochery...
En 1884, le 31 décembre, paraît au BO P&T n°1 de 1885 un décret qui crée les cabines téléphoniques en France. (Le décret paraîtra ultérieurement au Journal Officiel le 9 janvier 1885.)
En 1885, dès le 1er janvier, l’Administration des P & T commence à déployer son propre réseau téléphonique (concurrençant d'ailleurs la Société Générale des Téléphones !) et installe dans Paris les premières Cabines Téléphoniques, qui sont équipées de postes téléphoniques ordinaires, ceux-ci étant uniquement installés dans des bureaux de postes sous la surveillance physique directe des agents de l’administration, ou dans certains hôtels de grand luxe, mais toujours sous le même style de surveillance. Il s’agit donc de lignes téléphoniques ouvertes au public, mais placées sous surveillance permanente…
Le communiqué paraît dans le Journal Officiel du 31 décembre 1884 et les semaines suivantes, annonçant fièrement l'ouverture des premières cabines téléphoniques du pays :
« Des cabines téléphoniques publiques, permettant à toute personne de communiquer soit avec les abonnés du réseau, soit avec toute personne placée dans une autre cabine, seront ouvertes à Paris, à partir du 1er janvier 1885,
La taxe des communications échangées par l'intermédiaire de ces cabines est fixée à 50 centimes par 5 minutes de conversation. Un avis ultérieur fera connaître la date de la mise en service de semblables cabines dans d'autres bureaux. »
En 1889, l’Administration des P & T ne renouvelle pas la concession en cours depuis 1879 accordée à la Société Générale de Téléphone, et reprend toute l’activité de téléphonie sous son contrôle absolu et sous son exploitation directe, c'est-à-dire sous le régime du Monopôle.
Ci-dessous : une Cabine Téléphonique en bois, capitonnée, modèle 1900. Le téléphone intérieur est un modèle 1900 du fabricant D'Arsonval. À noter les accoudoirs de velours pour plus de confort et la tablette pour prendre des notes écrites... Photographies PTT. Coll. C. R-V.
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En 1923, le 15 mars, une convention est signée entre l’Administration des Postes et Télégraphes et la Société Anonyme Française « Le Taxiphone », compagnie pour l’exploitation en France des téléphones automatiques. Cette société, créée pour l'occasion le 11 décembre 1922, sera alors chargée d’exploiter en France le brevet du premier téléphone à prépayement, inventé par le britannique Frederick William Hall.
En 1924, par la Circulaire n°2027 E. Tp. du 4 février, la convention signée en 1923 entre alors en vigueur.
La téléphonie publique est alors séparée du reste de l'exploitation téléphonique. La Compagnie Le Taxiphone prend la relève et commence un déploiement intensif de taxiphones à effet Hall à dispositif d'encaissement automatique pour le compte de l’État.
La Compagnie Le Taxiphone sera alors pour de nombreuses décennies le seul fabricant autorisé de ces appareils en France. Elle les revendra à l’Administration à un prix négocié exclusif jusqu'en 1970 .
Elle en assurera seule la maintenance (même si les agents de l'Administration pourront intervenir en urgence pour interchanger des monnayeurs-encaisseurs, qui seront dépannés ultérieurement par la Compagnie Le Taxiphone).
Elle en assurera aussi la gestion (encaissement des jetons) lorsque ces appareils sont installés dans des bâtiments privés (Hôtels, bars) ; la gestion demeurant à l’administration dans le cas où les taxiphones sont installés directement dans ses murs (cas des bureaux de postes).
En Algérie Française, le Gouvernement Général accorde à la Compagnie Le Taxiphone la même exclusivité par le biais d'une convention signée le 27 février 1924.
En 1925, l'Administration des P&T prépare l'introduction à venir de l'Automatique sur les taxiphones à effet Hall, en faisant rationaliser par la Compagnie Le Taxiphone leur architecture interne, par une structure dite « Monobloc » qui puisse facilement être extraite de l'appareil pour être remplacée rapidement en cas de panne, et également en permettant ultérieurement la pose d'un Cadran d'Appel téléphonique dès lors que l'ouverture du service en Automatique Intégral sera effective.
Ainsi, un avenant signé le 9 avril 1925 est-il ajouté à la convention du 15 mars 1923 pour mettre en œuvre cette adaptation à venir.
Le décret du 10 octobre ouvre aux abonnés particuliers la possibilité de s'équiper d'appareils Taxiphone sur leur ligne téléphonique, moyennant une redevance trimestrielle spécifique et payable d'avance.
Nota : ce décret du 10 octobre 1925 ne sera édité au Journal Officiel que le 17 juillet 1926.
De surcroît, la date exacte d'autorisation est alors subordonnée à la parution ultérieure d'un règlement.
En 1926, la circulaire n°2253 E. Tp. du 11 octobre 1926 autorise in fine la mise en application du décret du 10 octobre 1925, autorisant la plus large diffusion des taxiphones dans le tissus français.
Tous ces délais et ces procédures assez tarabiscotées avaient pour but :
Vers 1930 les premiers taxiphones urbains munis d’un cadran, compatibles avec les premiers réseaux automatiques sont installés en France. Désormais, dans les grandes villes où le réseau urbain est automatisé, l’usager se passe à présent des services des opératrices.
Le principe technique est que pour obtenir la tonalité dans le but de téléphoner à un abonné à l'aide du cadran téléphonique, il faille d’abord introduire au préalable un jeton ou une pièce de monnaie dans l’appareil.
En revanche, ce type de téléphone ne permettait l’encaissement que d’un seul jeton (ou d’une pièce de monnaie) pour chaque conversation établie. Ainsi, les taxiphones à cadran d'appel n’étaient autorisés que pour établir des communications locales ou urbaines, c'est-à-dire dont l’abonné demandé fût situé dans la même circonscription de taxe. (Communications urbaines d’ailleurs facturées sans limite de durée, dans le cas de l'automatique.)
L’utilisation de ces lignes de taxiphones est restreinte par l’Administration aux seules communications urbaines. Il est alors hors de question de pouvoir appeler dans une autre ville via le réseau interurbain.
En 1955, le 6 octobre, la première cabine téléphonique installée sur la voie publique, équipée d'un taxiphone à pièces de monnaie, est inaugurée en France, à Paris, à Saint-Germain-des-prés, par M. le Ministre des PTT - Édouard Bonnefous.
Ci-dessus : cette cabine téléphonique parisienne, photographiée en Octobre 1955, est une des premières mises en service sur la voie publique en France, si ce n'est la première.
Photographie PTT - Octobre 1955 - Coll. Orange DANP
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Ci-dessus : deux cadres de la Direction des Télécommunications de Paris (intra-muros) présentent de nouvelles cabines téléphoniques publiques tout juste mises en service dans le XIIème arrondissement de Paris.
Photographie PTT - 25 janvier 1971 - Coll. Orange DANP
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Ndlr : l'exactitude de la chronologie des 40 premières années du Téléphone Public a pu être reconstituée avec succès à l'aide d'une part du Journal Officiel et du Bulletin Officiel des P & T, d'autre part de la presse écrite contemporaine à chaque événement, ce qui évite certaines divagations et approximations rédigées bien a postériori que l'on puisse lire çà et là.
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Histoire de la Publiphonie Française © Claude Rizzo-Vignaud, 25 mai 2023.