XIV - Jetons de taxiphones

Il est apparu aux yeux de l'administration des PTT qu'utiliser des jetons de téléphones dédiés à ce seul usage en lieu et place de pièces de monnaie aurait plusieurs avantages :

- celui de pouvoir revaloriser facilement le prix du jeton au rythme de l'inflation, sans une quelconque incidence sur le fonctionnement, la maintenance et les réglages des appareils, qui, rappelons-le, sont alors équipés à partir des années 1920 de monnayeurs plus que rudimentaires,

- celui d'éviter d'avoir à adapter voire à remplacer les monnayeurs ou les appareils suite à un changement monétaire.

Aussi, en 1937 l'administration décide-t-elle de basculer les appareils conçus et fabriqués à partir de cette date au système de payement à jetons ; jetons dont la valeur, qui est calculé d'après la Taxe de Base, est fixée en conseil des ministres et publiée au Bulletin Officiel des PTT et au Journal Officiel de la République Française.

En 1938, le 17 janvier, les jetons "Téléphones Publics" gravés par Lucien Bazor et frappés à partir de 1937 sont mis en circulation en France. Ils sont mis en vente au tarif initial de 0F65.


Cas du jeton PTT en cupronickel de 1937 :

L’utilisation du fameux jeton rainuré « Téléphones Publics » de 1937 gravé par Lucien Bazor durera jusques en 1955, date à laquelle les téléphones publics des PTT ultérieurs seront à nouveau pourvus de monnayeurs à pièces courantes.

JetonBazor 1937


Cas du jeton PTT en zinc : concernant le jeton des PTT de 1937 cité ci-dessus, il est normalement constitué d'alliage cupronickel.

Or, durant la seconde guerre mondiale, pour faire face à la pénurie de cuivre, l'administration des monnaies et médaille frappa des jetons en zinc à partir de la même empreinte. Ces jetons étaient plus tendres et se sont très vite usés, si bien qu'il sont devenus peu courant.

Le jeton de zinc avait également l'inconvénient de peser moins lourd que son homologue en cupronickel, ce qui, si le monnayeur de tri et d'encaissement était réglé de manière trop sélective, provoquait le rejet des jetons en zinc.

Les agents de maintenance devaient alors volontairement dérégler le dispositif de pesée pour que les appareils acceptassent ces jetons PTT qui n'étaient pas réellement aux normes, bien qu'officiels à l'époque de l'État Français...

Nota : juste après la Libération il a existé également un rare jeton en zinc, toujours gravé par Lucien Bazor, daté, celui-ci, de 1946. Le jeton "Téléphones Publics" en zinc de 1946 est encore plus rare que le jeton en zinc daté de 1937 fabriqué durant l'occupation.

JetonBazorZinc1946


Cas du jeton spécial PTT avec mention D.T : en 1947 a été émis un rarissime jeton de taxiphone, calqué sur le jeton de 1937. Au lieu d'être en cupronickel, il est alliage jaune, type bronze ou laiton et comporte en lieu et place de la mention "PUBLICS" les lettres "D.T" qui signifient : Direction des Télécommunications.

JetonDT2

Deux hypothèses expliquant l'existence, qui semble avoir été brève, sont possibles, et nous ne pouvons certifier laquelle est la plus proche de la vérité.

1) soit il a été envisagé par l'État pour 1947 de remplacer à titre définitif le jeton PTT de 1937 par ce nouveau modèle, puis, que pour une raison ou pour une autre ce jeton (par exemple par le fait qu'au cours de 1946, la Direction des Télécommunications ait été renommée Direction Générale des Télécommunications, et que de ce fait ce jeton préparé courant 1946 pour une sortie en 1947 se fût retrouvé périmé à peine frappé) ait été renvoyé directement en fonderie, et que très peu d'exemplaires aient réchappés de la refonte, si bien que l'on n'en voit qu'un ou deux en vente et à des prix prohibitifs,

2) soit que ce jeton à frappe restreinte était réservé à certains cadres de l'administration des télécommunications afin qu'ils puissent téléphoner gratuitement , comme je l'ai lu sur un site internet, mais j'ai plus de mal à croire en cette seconde hypothèse.

Si quelqu'un en sait plus ce mystérieux jeton, qu'il n'hésite pas à me contacter.



Cas des jetons des taxiphones en exploitation privée :

Par contre, concernant les appareils exploités et gérés directement par la Compagnie Le Taxiphone, les taxiphones demeurent pourvus de monnayeurs à jetons ; jetons propres à la Compagnie du taxiphone. Ces jetons de la Compagnie du Taxiphone seront utilisés, notamment dans les taxiphones installés dans les bars, jusqu'au Type 100, dont des appareils existent pourvus de ces monnayeurs à jetons.

JetonLeTaxiphone

À gauche : jeton émis de 1947 à 1955, en cupronickel, à petit module de 20 mm de diamètre

À droite : jeton émis de 1947 à 1955, en laiton, type V, à petit module de 20 mm de diamètre

JetonLeTaxiphoneV


JetonTaxiphoneGrandModule

À gauche : jeton émis de 1947 à 1955, en cupronickel, à grand module de 24 mm de diamètre.

À droite : jeton émis de 1947 à 1955, en laiton, type V, à grand module de 24 mm de diamètre

JetonTaxiphoneGrandModuleV

Nota : les jetons de la Compagnie le Taxiphone destinés au secteur privé ont été soit frappés par l'administration des monnaies et médailles, soit par un atelier privé (auquel cas le différent de l'administration est remplacé par un double s à l'horizontale.)

Il existe également des variétés supplémentaires où l'inscription Compagnie le Taxiphone sur les jetons de petit comme grand module peuvent être, ou non, entourés de deux points. Leur fabrication n'était pas stable dans le temps.

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Les jetons téléphoniques sont (ou ont été) utilisés dans de nombreux pays à travers le monde. Leur variété, formes, matériaux, gravures, sont multiples. 

Vous en trouverez un vaste assortiment sur le site du collectionneur avisé en la matière, M. Michel Guérin, à l'adresse suivante que je vous invite à consulter : http://jetontelephone.esy.es/



Histoire de la Publiphonie Française © Claude Rizzo-Vignaud, 13 juin 2016.